Droit de réponse d'E. Roudinesco au Nouvel Observateur




A la suite de l’article de Laurent Joffrin publié dans le précédent numéro du Nouvel Observateur, article qui me met en cause de façon humoristique mais caricaturale, je tiens à apporter les précisions et mises au point qui suivent.

droit de réponse trouvé sur le site
de l'éditeur Les Arènes
   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


1/ Je suis plutôt connue pour ne pas refuser le débat et j’ai déjà eu, à de nombreuses reprises, des discussions aussi vives qu’intéressantes avec quelques auteurs du Livre noir de la psychanalyse. Si j’ai refuser de participer au numéro que vous avez consacré à cet ouvrage, sous le titre de Faut-il en finir avec la psychanalyse ?, c’est qu’il ne saurait être question pour moi d’assurer la promotion d’un livre qui travaille, à l’évidence, à la démolition de la psychanalyse, un livre présenté sous un jour favorable à la une de votre journal.


2/ Je n’ai pas voulu encourager « à passer sous silence l’ouvrage et à remplacer les extraits prévus par un long entretien ave celle » (moi). Vous présentez ainsi de façon ridicule mon souhait, qui était en réalité de n’accepter une tribune que si la une du Nouvel Observateur ne contribuait pas, elle aussi, à l’entreprise de démolition. Vous avez fait votre choix, libre à vous, mais libre à moi aussi de ne pas y souscrire.

3/ Je n’ai jamais parlé d’antisémitisme à propos du « Livre noir », et vous faites là une malheureuse confusion avec un précédent ouvrage dans lequel j’avais, en effet, décelé de l’«antisémitisme masqué». J’affirme, au contraire, qu’il n’y en pas trace dans le « Livre noir ».

4/ Je ne sais pas qui vous visez à travers le « petit groupe » qui aurait « mis en doute les capacités intellectuelles de la direction du Nouvel Observateur ». Quoi qu’il en soit, je n’en fais pas partie ! Il ne me viendrait pas à l’esprit de douter de la valeur intellectuelle des responsables d’un journal auquel j’étais abonnée et attachée depuis trente ans, et qui n’a cessé de m’accueillir dans ses colonnes. J’ajoute que je ne fais pas partie non plus de ceux qui « qualifient de fascistes, d’ultralibéraux, d’agents des trusts pharmaceutiques, de rouages d’une machine destinée à fournir au capital des individus formatés», « les tenants de la psychothérapie sans Freud». Ces « expressions pittoresques », ainsi que vous les qualifiez, m’apparaissent plutôt ressortir de conversations entre amis ou de dîners en ville que d’arguments destinés à la publication.

Donner un écho à ces injures et les mettre sur le même plan que des analyses critiques risque, me semble t-il, de disqualifier la critique de fond qui mérite d’être adressée à l’ouvrage qui est l’objet de toute cette polémique.

Elisabeth Roudinesco