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mis à jour le mercredi 15 février, 2006 0:22

La guerre des psys — Manifeste pour une psychothérapie démocratique aux empêcheurs de penser en rond

Le dix huit brumaire du progrès scientifique. Isabelle Stengers, inédit !!!

On n’arrête pas le progrès. Aujourd’hui les ténors de la science en marche l’ont annoncé, l’heure est venue de régler la question de la conscience, le dernier " grand problème " qui résiste à l’avancée scientifique. Ne nous le cachons pas, de ce règlement devrait suivre la solution enfin scientifique des questions qui nous réunissent autour des questions de la transe et de l’hypnose, et qui, le cas échéant, nous divisent. Nos questions ne préoccupent pas les représentants du progrès, et nos divisions ne les surprennent pas : c’est précisément le rôle d’une " révolution scientifique " que de balayer… Lire la suite…
Repenser la république.Un texte de Bruno Latour, Tobie Nathan, Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, paru dans Le Monde du 3 février 2000.

Une histoire belge affirme que pour s'enrichir il suffit d'acheter un Français à sa valeur et de le revendre à celle qu'il croit avoir. Si la blague est aussi juste que vacharde c'est que les Français ont toujours hésité sur l'origine de leur identité. Après s'être longtemps pris pour les représentants chéris de l'humanité voici qu'ils se mettent à douter d'eux mêmes : un événement considérable les oblige à confronter leur définition bicentenaire de la République à une autre définition, elle aussi universelle, elle aussi globale, elle aussi émancipatrice, celle de la mondialisation. Pendant que certains continuent de chasser le foulard islamique des écoles au nom de la lutte contre les appartenances, d'autres (ou parfois les mêmes) célèbrent le courage des José Bové qui luttent contre l'hydre de la mondialisation en créant de nouvelles appartenances locales. Il y a donc maintenant deux universels au lieu d'un… Lire la suite…

Le débat autour du livre noir de la psychanalyse : Le journal du livre noir de la psychanalyse… et un débat épistolaire entre Sauvagnat, Crews, Borch-Jacobsen et Cottraux… une mise au point de Jacques Van Rillaer qui répond à Elisabeth Roudinesco et un débat à propos d'une tribune libre de Roland Gori dans l'HumaJacques Alain Miller répond aux anti-Freud et une anti-freud lui répond… Chronique de Dominique Dhombres dans Le Monde… Droit de réponse d'E. Roudinesco au Nouvel Observateur… La souffrance sans voix par Annie Gruyer… Serge Tisseron dans Le Monde : "Livre noir de la psychanalyse", la main dans le sac Dans le Canard Enchaîné : "Vers un cessez le fou" de Frédéric Pagès… Qui veut renverser la statue de Freud? de Christophe André… Dans du 19 octobre, une tribune de Philippe Pignarre : La gauche, le patient et les psychothérapies Le difficile héritage de Sigmund FreudSimon Daniel Kipman et Christophe André dialoguent dans le Figaro du 24 octobre … Un "livre noir" critique et critiqué dans le Courrier International du 15 novembre 2005… Yann Kindo : Tabous brisés et totems à terre dans Alternative Libertaire. Dans Lire d'octobre 2005 : Psy : le divan tangue par Alain Rubens Dans Biba de novembre 2005 — Le sujet d'empoignade : la psy, c'est dangereux ? Christophe Donner dans le Monde du 12 novembre 2005 : "Est-ce qu'elle gît, la psy ?" "Un mythe : la psychanalyse française" par André Green Dans Le Monde des 8 et 16 février 2006, Samuel Lepastier/Mikkel Borch-Jacobsen: Le procès d'Outrau et la psychanalyse
Résister ? Un devoir !  Un texte d'Isabelle Stengers, paru dans Politis, numéro 579, 16 décembre 1999.

Selon la légende dorée, proposée par Freud lui-même, la psychanalyse constitue, après Copemic et Darwin, la troisième blessure infligée à ceux qui se croient " maîtres chez eux ". Il n'y a sans doute pas contradiction entre cette mise en question de la liberté— que s'arrogeaient non pas tous les humains, mais l'homme européen construit par les philosophes— et le rôle qu'Elisabeth Roudinesco confère aujourd'hui à la psychanalyse, rempart contre l'" abolition de l'homme " et avocat de l'" intégration des immigrés " (qu'ils le veuillent ou non). Les contradictions n'existent que rarement en dehors des langages formels… Lire la suite

Une conférence de Tobie Nathan sur l'ethnopsychiatrie

Serge Vallon - Je suis psychanalyste comme Tobie Nathan et je fais donc le même travail que lui, puisqu'il est psychanalyste, mais peut-être aussi que je ne fais pas du tout le même travail, puisqu'il pense qu'il fait un travail différent ou plus précisément qu'il faut faire un travail différent avec les gens qui sont eux-mêmes différents.
 
Tobie Nathan est né en Égypte, mais il est parisien. Il est professeur de psychologie clinique et pathologique à Paris VIII. Il a développé dans le domaine de l'ethnopsychiatrie une recherche qui vise à comprendre ce que font les gens des autres cultures et ce qu'ils sont, en particulier quand ils sont malades ou souffrants et qu'ils appellent à l'aide pour sortir de cette souffrance. Sa réflexion est d'ordre théorique et général sur l'ethnopsychiatrie, … la suite…

Comment nous avons bloqué l'OMC.Starhawk

Deux semaines se sont écoulées depuis ce matin où je me suis levée avant l'aube pour rejoindre le blocus qui a empêché le rencontre inaugurale de l'OMC. Depuis que je suis sortie de prison, je lis les compte rendus de presse et j'essaie de comprendre la différence entre ce que je sais être arrivé et ce que l'on raconte.

Pour une fois, lors d'une manifestation de protestation politique, nous disions la vérité lorsque nous chantions "le monde entier regarde !". Je n'ai jamais vu une action politique attirer une telle attention de la part des media. Lire la suite…

Penser avec Marx.Un commentaire de Philippe Pignarre sur le dernier livre de Daniel Bensaïd : Le sourire du spectre. Nouvel esprit du communisme.

Cela fait maintenant plusieurs années que Daniel Bensaïd nous propose, non pas une re-lecture de Marx, non pas un énième commentaire de sa théorie, mais de penser activement AVEC Marx. Ce parcours, commencé il y a plus de dix ans, avec un livre étonnant sur Walter Benjamin, se poursuit aujourd’hui avec un texte qui prend pour prétexte Le Manifeste du parti communiste écrit par Marx et Engels en 1848. Daniel Bensaïd contribue ainsi à la création de ce qu’on pourrait appeler un marxisme maniéristeLire la suite
La médecine a besoin des sciences sociales.Une tribune de Philippe Pignare.

Il y a exactement dix ans naissait la collection Les Empêcheurs de penser en rond. Son ambition était de faire entrer les sciences sociales dans le domaine de la médecine, aujourd’hui confrontée à des dilemmes qu’elle ne peut pas résoudre seule : avenir du système de santé publique, choix entre performances techniques et soins égaux pour tous, contrôle des prix des nouveaux médicaments, enjeux de la recherche génomique en manière diagnostique, place de la psychiatrie dans la médecine, rôle des experts, etc. Lire la suite…

Le canard est devenu une dinde. par Isabelle Stengers

Messieurs, c'est avec consternation que je vous écris, et ceci à double titre : d'abord comme lectrice régulière du Canard, et tenant donc énormément à ce qui est (jusqu'ici ?) une bouffée de cet oxygène qu'on appelle pensée libre; ensuite parce que c'est moi qui est recommandé à Philippe Pignarre la traduction de "L'âme réécrite" que vous dénoncez, le mot n'est pas trop fort, ce mercredi 24 novembre. Même les lecteurs du Canard qui n'ont pas lu ce livre ont dû être étonnés. Une phrase interrogative citée hors contexte : avec cela, on condamnerait un saint, et tous les philosophes, ce que savent bien tant les staliniens que les torchons d'extrême droite. Ensuite une assertion sans fondement dans la suite du paragraphe : est-ce parce qu'il analyse la contagion des personalités multiples que Hacking de semble pas tourner rond ? Un peu plus loin, une soi-disant analyse… Lire la suite…

Isabelle Stengers
La guerre des sciences aura-t-elle lieu ?
Scientifiction

Le célèbre échange de correspondance entre Leibniz et Newton pose problème. Pourquoi Newton accepte-t-il qu'un théologien écrive en son nom ? Quel secret cache-t-il ? Mais surtout pourquoi, lorsqu'il aura découvert ce secret, Leibniz décide-t-il de ne pas s'en servir ? Et finalement, en quoi ce passé dépassé peut-il bien nous importer ? Une intrigue mise en scène, où l'histoire est respectée mais aussi fabulée. Paris, Les empêcheurs de penser en rond, 2001

Science et Raison: une comédie des erreurs. Une réflexion de Bruno Latour : © La Recherche Hors Série sur ‘Dieu’ pp.66-69, Janvier 2004

C’est l’histoire d’un malentendu: la Foi offrirait la croyance en un au-delà surnaturel alors que la Science serait la connaissance d’un ici bas naturel. Si l’on veut connaître la nature, il faut suivre le mouvement des sciences; si l’on veut y ajouter, en plus, de la religion, alors il faut bondir par -delà la nature, changer de méthode d’enquête, abandonner le raisonnement usuel et se mettre à ‘croire’ en des choses qu’on ne peut pas prouver directement mais dont on peut seulement témoigner. La croyance en un lointain inaccessible et la connaissance d’un proche directement palpable se séparent comme l’eau et l’huile laissées au repos.
Avec un tel partage des tâches, bien évidemment, ‘Dieu’ disparaît, le ‘Dieu’ des grandes religions de salut aussi bien que les divinités des religions antiques. En effet, devant cette division… Lire la suite…

Utiliser les autres cultures pour repenser la nôtre.entretien avec Isabelle Stengers dans Le Soir de Bruxelles du 13 février 1999

– Pourquoi Tobie Nathan aboutit-il à un "différentialisme culturel", c'est-à-dire à l'impossibilité de jeter des ponts entre les cultures, définies comme des univers totalisantset imperméables?

Isabelle Stengers : La question n'est pas de savoir s'il n'y a pas de ponts possibles - les cultures n'ont jamais cessé de négocier entre elles. Nathan lutte en fait contre l'idée qu'il suffit de prendre ce qui vous convient dans l'une et l'autre, puis de faire son mélange personnel. La transformation des cultures est, pour lui, une chose grave qui ouvre des chemins qu'il s'agit de respecter. C'est une question de temps qui donne à chaque appartenance culturelle la possibilité de créer pour elle-même ses chemins par rapport aux autres. Or, nous savons tellement mieux ce qui est bon pour nous, et pour tous, que tout retard apparaît comme une catastrophe. Lire la suite…

L'effet placebo n'existe pas.un article original de Philippe Pignarre.

Un médicament efficace est un médicament qui se révèle plus puissant qu’un placebo dans une expérience dite en double insu, ou double aveugle : ni les patients ni les médecins ne savent qui prend le candidat-médicament et qui prend la substance inactive.

Nous avons là à un procédé d’une simplicité déconcertante qui pourrait peut-être permettre de passer au crible toutes les prétentions de soigner et de guérir quelles que soient leurs origines… Lire la suite…

Cent pas, sans papa… sans papiers… un article de Tobie Nathan paru dans Le Chroniqueur

Cette année, l'été a tardé. Cette année, tout le monde était fatigué, même les nantis, même le pape, même la télé. Cette année, on a déclaré la guerre aux étrangers.
- Pas aux étrangers, voyons ! Aux «sans papiers» ! Ah, ah ! Ils ne peuvent plus faire un pas, sans papa, sans papiers !
- Je répète : aux étrangers ! Tout le monde comprend qu'il s'agit des étrangers. Mais on fait semblant... On dit : «les immigrés», «les clandestins», «les étrangers en situation irrégulière»... La subtilité de la langue française réside dans l'art de la manipulation des euphémismes.
- Voyons ! Qu'aurait-on à reprocher aux étrangers ?
- D'être étrangers, justement ! Visiblement, manifestement, définitivement : étrangers...
- Mais que leur envierait-on ? Qu'ont-ils donc que nous n'avons pas ?
- Que nous n'avons plus...
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Nouvel assaut de la police des moeurs. un article de Jacob Habib au sujet de "soigner l'histoire" de Alessandra Russo

Tobie Nathan a participé à la conception et à la réalisation d’un film. De l’avis unanime, ce film est beau. Par dessus le marché, il respecte la déontologie des psy ou ce qu’elle devrait être : ne pas montrer des patients à la télévision ou au cinéma, même s’ils donnent leur accord explicite. On sait trop ce que produit le regard second que l’on porte sur sa propre souffrance donnée au marché du plaisir, offerte en sacrifice aux divinités de la banalisation. Car il n’y a rien de pire que de se voir livré au banal ! On ne subit pas seulement une effraction de son intimité, mais bien plus grave : comme un démontage, un morcellement de son être. Non ! Ici, l’histoire a été récrite, scénarisée, jouée par des acteurs professionnels. Elle devient alors œuvre de fiction et permet cette appropriation à la fois intellectuelle et affective nécessaire à la réflexion. Mais là, si les patients sont joués par des acteurs, les thérapeutes y jouent leur propre rôle, ce qui accentue la sensation de regarder un reportage… Étrange ! la suite…

Une table ronde… autour de la Damnation de Freud tenue à Avignon en juillet 2001 avec Tobie Nathan, Isabelle Stengers et Lucien Hounkpatin…

Vous qui êtes tous trois des scientifiques, universitaires de surcroît. Comment avez-vous été amenés à écrire pour la scène ?


Isabelle Stengers : Je crois que l’aventure a commencé à l’occasion de rencontres à Châteauvallon à Toulon qui s’appelaient “Théâtre de la science”. (…) Au cours des débats est apparue l’idée que l’on devrait pouvoir créer un vrai théâtre, une vraie théâtralisation d’enjeux de savoirs, d’histoire de savoirs, de conflits de savoirs. Dès cette époque on savait que le sujet concernerait les thérapies de l’âme et on s’amusait avec un nom de code : “Les controverses de Châteauvallon” en référence à la fameuse controverse de Valliadolid qui pose la question : “Les indiens ont-ils une âme ?” (…
) la suite…

Philippe Pignarre : Des questions que les psychanalystes ne peuvent plus éluder

Comment discuter de la psychanalyse ? La publication du Livre noir de la psychanalyse pourrait être l'occasion de confrontations intéressantes.

C'est le souhait de la plupart de ceux qui y ont participé ; lesquels, par ailleurs, ne sont pas tous des partisans frénétiques des thérapies comportementales.

Il y a urgence à sortir des débats très abstraits quant à savoir si la psychanalyse est ou non une science ; ou des autres débats, faussement concrets, qui croient résoudre le problème en préconisant des "essais cliniques contre placebo", dont on sait pourtant qu'il est très difficile de généraliser leur méthodologie en dehors de l'étude des médicaments classiques. Lire la suite…

Contre la violence… un article de Tobie Nathan dans La Croix du 22 juin 2000

Qu'est ce qui pourrait faire obstacle à la violence ? La pluralité des référents !

Arnold s'est précipité en plein après midi sur une vieille femme, l'a jetée à terre, s'est saisi de son sac, s'est enfui à toutes jambes avec son maigre butin : même pas une centaine de francs. Deux heures plus tard, les policiers font irruption dans le petit appartement qu'il partage avec sa mère, ses deux frères et sa sœur dans une commune de Seine-Saint-Denis. Les policiers l'ont reconnu à son signalement ; d'ailleurs plusieurs passants l'avaient identifié. Mais il nie tout en bloc. Ils se saisissent de lui, le brutalisent… Il se défend… les injurie. Sa mère aussi les apostrophe. Pourquoi lui ? Pourquoi toujours lui ? Ils font exprès de le mettre à bout… pour qu'il craque… pour le faire tomber… Pour se venger… Cette violence, c'est celle qui vole, qui frappe, qui perfore, qui blesse, qui humilie. Et naturellement, elle est réciproque. Perçue comme légitime par les deux partis, malgré son caractère moralement inacceptable, elle est vécue comme une sorte de "règle du jeu". Lire la suite…

Du bon usage de l'ethnopsychiatrie. Un article de Bruno Latour et Isabelle Stengers dans Libération du 21 janvier 1997.

Que fait donc Tobie Nathan pour susciter tant de haine? Il prend des risques en ouvrant trois chantiers qui sont, à notre avis, décisifs pour l'avenir. Au lieu d'en faire des mots d'ordre qui opposeraient les bons et les méchants, il les transforme en trois grands problèmes: comment concevoir l'intégration des migrants en Occident? Comment trouver la bonne manière de soigner, sans rendre toutes les autres archaïques? Enfin, comment, sans recourir à de grandes ruptures, concevoir ce que nous appelons modernité? On peut trouver Nathan discutable, irritant, et même insupportable (cela nous arrive souvent à nous aussi) mais on ne doit pas refermer les chantiers qu'il a ouvert comme si la réponse aux questions qu'il soulève était connue de toute éternité. Ayant suivi son travail depuis plusieurs années, sans être nous même spécialistes d'ethnopsychiatrie, nous voudrions indiquer, sans le couvrir aussitôt d'anathèmes, quelques pistes afin de profiter des événements dont il est peut-être le messager. Lire la suite…

L'ethnopsychiatrie en butte aux néo-staliniens. Un texte de Tobie Nathan dans Abstract-Psychiatrie février 2000.
Il me semble important d'informer les psychiatres sur une véritable campagne d'intoxication au sujet de la pratique de l'ethnopsychiatrie – campagne qui dure depuis plus de trois ans et qui n'a d'autre but que de disqualifier une pratique innovante afin de ne pas remettre en cause le consensus des bien-pensants. Deux nouveaux articles viennent de paraître sous la plume du même Didier Fassin qui veut laisser penser qu'ainsi il instaure un débat. Le débat serait le suivant : soigner des immigrés en tenant compte de leur appartenance culturelle – c'est-à-dire de leur langue,de leurs coutumes, de leurs habitudes thérapeutiques (ce qui, soit dit en passant, devrait être perçu comme une évidence par tout clinicien) aboutirait à les stigmatiser, à les "enfermer dans leur culture", à leur interdire cette énigmatique "intégration" à laquelle ils aspireraient de toutes leurs fibres … Lire la suite

Lourdes vaut bien une psychanalyse. Un entretien d'Isabelle Stengers avec Jean François Duval (Construire)

_ Isabelle Stengers, quel rôle la psychanalyse a-t-elle joué dans notre siècle?

_ Freud s'est lui-même placé dans la lignée des grands innovateurs, tels Copernic et Darwin, qui ont bouleversé l'image que l'homme avait de lui-même. Copernic prouvait que la Terre n'était pas le centre de l'univers, Darwin que l'homme résultait d'une évolution animale. Et depuis Freud, nous savons que les belles idées que nous entretenons sur nous-mêmes et que toutes nos assurances peuvent soudain s'écrouler en vertu d'une vérité nouvelle... Pourtant Freud me paraît loin de Darwin ou Copernic...

_ Pour vous, la psychanalyse n'a pas joué un rôle révolutionnaire? Lire la suite…

Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, jeteurs de sonde — dans l'air frais de la nuit

«Ça fait du bien de voir que la pensée peut aussi avoir des bras, et qu’il suffit souvent de retrousser ses manches», écrivait récemment une lectrice de Périphéries dans un très beau message. Cette «pensée qui retrousse ses manches», on a eu l’impression de la retrouver à l’œuvre dans La sorcellerie capitaliste – Pratiques de désenvoûtement, le livre de Philippe Pignarre et Isabelle Stengers. Un livre «d’intervention», selon ses auteurs, mais en même temps déconnecté de l’actualité immédiate, et cherchant plutôt, à travers mille précautions, précisions, louvoiements, ajustements, réhabilitations et revendications de notions et de mots ambigus ou discrédités, à délivrer des carcans et des réflexes empoisonnés qui pourraient l’étouffer la fragile contre-offensive politique apparue au cours de ces dernières années, après la période de K.-O. total qui a suivi la chute du Mur de Berlin… Lire la suite…

Comment se débarrasser du psychanalyste en nous ?

par Philippe Pignarre

L’Anti-Œdipe de Deleuze et Guattari est un livre dont on peut aujourd’hui se demander qui l’a lu, qui a été traversé et modifié par lui. A écouter les commentaires, les réactions, on ne peut qu’avoir le sentiment que c’est un livre triplement obscène. Il est obscène pour les philosophes, il est obscène pour les marxistes et il est obscène pour les psychanalystes.

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La guerre et les dieux, par Nadia Pierre — au sujet d'une conférence de Tobie Nathan sur la part des dieux dans les conflits contemporains suivi de l'opinion des intellectuels juifs sur le conflit du proche-orient

"qu’y a-t-il de commun entre le regard du prophète Osée et celui du psychanalyste Sigmund Freud face à la guerre ? Le point de vue de l’homme de Dieu s’adressant au peuple juif et le point de vue de l’homme de science s’adressant à l’humanité peuvent-ils être mis sur le même plan ? Pour Tobie Nathan, Osée et Freud se rejoignent d’une part dans la conviction que ce ne sont pas les hommes qui font la guerre. Pour Osée, confronté à la défaite du royaume d’Israël au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, ce sont les dieux et pour Freud, confronté à la catastrophe de la Première Guerre mondiale, ce sont les pulsions. Derrière les combats à travers lesquels les hommes s’entretuent, il y a donc des forces supérieures qui les manipulent comme des marionnettes. Osée et Freud se rejoignent d’autre part dans l’idée qu’on ne peut rien faire face à ce déchaînement de violence. Pour Osée, le dieu des juifs ne peut négocier avec les dieux ennemis, et pour Freud, les pulsions sauvages ne peuvent négocier avec le raisonnement… Lire la suite…

Dans du 19 octobre, une tribune de Philippe Pignarre : La gauche, le patient et les psychothérapies

"Jamais un tel désordre n’avait régné dans le monde de la psy. Jamais les insultes n’avaient atteint une telle violence. Ceux qui mettent en cause Freud ne peuvent être que des nazis puisque les nazis brûlaient les livres de Freud ! Comportementalisme et cognitivisme ne peuvent être que d’extrême droite. Quant à la psychanalyse, elle ne peut être qu’humaniste, porte-parole héroïque du sujet souffrant dans une période où tout est marchandisé y compris les troubles mentaux.

Les pouvoirs publics et les académies sont embarrassés : le public ne va-t-il pas perdre confiance si on ne lave plus son linge sale en famille ?" Lire la suite…

Juifs d'un côté
Portraits de descendants de mariages mixtes entre juifs et chrétiens
par Catherine Grandsard



En France, un juif sur deux qui se marie épouse une personne non-juive, le plus souvent issue d’une famille de tradition chrétienne. Comment annoncer le mariage aux parents ? Comment préserver la sensibilité des uns et des autres lors de la cérémonie ? Que faire à la naissance d’un enfant ? Quels rituels choisir ? Quelles fêtes observer ? Comment gérer un éventuel divorce lorsque l’on a la garde d’un enfant qui a été élevé dans la religion de l’autre ?


Catherine Grandsard a enquêté auprès d’enfants issus de tels mariages et elle nous reconstitue les solutions trouvées par chacun.

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